L'ostéopathie pour musiciens
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- Aug 1, 2023
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Aujourd’hui, Marion Barbe ostéopathe à Sainte Foy lès Lyon et membre du réseau Oostéo nous a accordé un entretien spécial sur sa pratique de l’ostéopathie, et plus particulièrement de sa proximité avec les musiciens.
Oostéo : Bonjour Marion, présentez-vous. Pourquoi cette spécialisation ?
Je suis instrumentiste depuis l’âge de 6 ans (altiste, c’est-à-dire joueuse d’alto), et j’ai passé 15 ans au conservatoire régional de Lyon, dont 10 ans de formation « musique étude ».
Puis, avant d’ouvrir mon cabinet à l’âge de 36 ans, j’étais acheteuse dans l’industrie automobile ! C’est une rencontre avec un ostéopathe qui m’a poussé à changer d’orientation, le soin est devenu une évidence pour moi. L’ostéopathie s’avère être pour moi l’approche la plus globale et respectueuse de la personne.
Oostéo : Avez-vous suivi une formation spécifique ? Avez-vous eu un mentor dans le milieu musical?
La base de la démarche a été mon Mémoire de fin d’études. J’ai pris contact avec des musiciens de l’Orchestre National de Lyon (musiciens professionnels) et de l’Opéra de Lyon, ce qui m’a permis de travailler avec 17 musiciens au total. Mon étude a été basée sur l’épaule du violoniste et de l’altiste professionnel, ce qui m’a permis de créer mon 1er réseau.
Ensuite, les gens sont venus se faire soigner à la clinique de l’école, où j’effectuais également des analyses posturales de musiciens, engrangeant progressivement le mécanisme du bouche à oreille, mais je n’ai eu aucun « mentor » pour me pousser à le faire.
A présent, je travaille également avec des chanteurs, depuis ma formation passée avec Alain Piron.

Oostéo : Quelles différences avec l’ostéopathie « classique » et non tournée vers un public spécifique?
En ce qui concerne les chanteurs, l’approche ostéopathique est essentiellement crânienne, mais il faut bien garder à l’esprit qu’un musicien est avant tout un homme comme un autre, même s’ils ont des contraintes spécifiques (par exemple, les violonistes adoptent des positions asymétriques et donc pas du tout naturelles).
Il y a des spécificités pour les musiciens dans la mesure où il existe des facteurs qui amènent les musiciens à des problèmes posturaux : la longévité de pratique, la répétitivité, les positions articulaires extrêmes, etc.
On remarque également des problèmes de diaphragme, d’œsophage, et d’estomac spécifiques aux musiciens, ce qu’une médecine générale ne pourrait pas nécessairement remarquer. C’est pourquoi une approche globale est indispensable, et en tant que musicienne, je connais davantage leurs contraintes. De fait, je travaille souvent avec un musicien avec son instrument, en position assise, puis debout, afin d’observer son adaptation à l’environnement auquel on le contraint.
Oostéo : Comment se déroule une « séance » ou « mini-séance » de préparation avec musiciens ? Quels sont les avantages qu’ils y trouvent ? (décontraction, moins de stress, plus d’agilité au niveau doigts, …
La médecine du travail considère qu’un travail est répétitif à partir du moment qu’un même mouvement est effectué toutes les 30 secondes, or un pianiste peut faire jusqu’à 20 notes à la seconde, soit près de 400-600 gestes à la minute !
Un musicien est en quelques sortes un athlète de haut niveau (comme dans le cas du sprinteur où tout est millimétré, on retrouve des micro-paramètres d’articulation pour le musicien). On est dans un geste très technique et très élaboré, extrêmement spécifique.
Oostéo : Quelques données/chiffres à retenir ?
Un musicien, entre l’âge du démarrage et son activité professionnelle, pratique plus de 20 000h de son instrument, il grandit donc autour de l’instrument avec toutes les contraintes que cela implique et peut entraîner (ce qui est souvent le cas) des dysfonctions intra-osseuses, comme pour le violoniste qui appuie son instrument sur la mandibule et la clavicule ; la croissance se fait autour d’une contrainte entre 6 et 20 ans.
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